La crise mondiale des inégalités est plus que jamais présente. En 2019, les 2 153 milliardaires du monde entier ont accaparé à eux seuls plus de richesse que celle détenue par 4,6 milliards de personnes, soit 60 % de la population mondiale. Alors qu’une élite poursuit ainsi son enrichissement, la moitié la plus pauvre de la planète survit avec moins de 5 dollars par jour, ce qui équivaut à 3 000 francs CFA par jour1. La crise actuelle du coronavirus et son impact sur l’économie mondiale risquent d’accentuer cette fracture et de creuser encore davantage les inégalités si rien n’est fait pour soutenir les plus démuni-e-s.
Le Burkina Faso ne fait pas exception. Depuis des années, les inégalités persistent à des niveaux élevés et coexistent avec de nombreuses autres crises dans le pays : déplacements forcés, crises climatique, alimentaire, sécuritaire et humanitaire. Ces crises à multiples facettes ont un impact sur la capacité du pays à réduire la pauvreté, à faire face aux conséquences des pandémies telles que la Covid-19 et à réaliser de manière durable le plein développement humain de ces populations. C’est ainsi que le Burkina Faso se classe 182e sur 189 pays suivant l’Indice de Développement Humain (IDH 2019). Par ailleurs, après ajustement selon l’état des lieux des inégalités, l’indice révèle une perte de bien-être des populations du Burkina Faso de 30 % due aux inégalités.
Les inégalités touchent des domaines très différents : revenus, accès aux services sociaux de base dans certains territoires du pays, rapports hommes-femmes ou encore participation politique en raison des difficultés structurelles rencontrées par les femmes et les jeunes pour exercer une influence. Ces inégalités, qui se manifestent dans tous les domaines de la vie, font partie des multiples causes qui sous-tendent les conflits affectant aujourd’hui la zone des trois frontières Mali, Burkina Faso et Niger. La dégradation de la situation sécuritaire et la crise de protection qui affectent en particulier les populations des régions du Sahel, Centre Nord, Nord, Boucle du Mouhoun et Est ont entraîné des déplacements massifs passant de plus de 47 000 personnes déplacées internes en fin décembre 2018 à plus de 978 000 en juillet